« Pasta col Forno » : Recette Traditionnelle Palermitaine

À Palerme, ils ne disent pas “pâtes au four”,
mais bien pasta col forno,
avec ce mélange d’italien et de dialecte qui dit tout d’un lieu.

Ce plat, je l’ai découvert un dimanche au foyer.
Et depuis, il ne m’a plus jamais quittée.

🍝 La recette des anelletti au four

Ingrédients pour 4 personnes :

  • 350 g d’anelletti (petites pâtes en anneaux)
  • 250 g de viande hachée de veau
  • 200 g de petits pois
  • 70 cl de purée de tomates
  • 1/2 oignon
  • 1/2 carotte
  • 1 branche de céleri
  • Un peu de persil (selon le goût)
  • Un peu de basilic (selon le goût)
  • 50 g de caciocavallo râpé (ou comté)
  • 1 verre de vin blanc sec
  • Huile d’olive extra vierge
  • 1 noisette de beurre
  • Chapelure
  • Une pincée de sucre
  • Sel et poivre

Préparation :

  • Hachez finement l’oignon, la carotte, le céleri et le persil. Faites-les revenir dans 4 cuillères à soupe d’huile d’olive et une noisette de beurre.
  • Ajoutez la viande hachée et faites-la dorer sans la brûler. Déglacez avec le vin blanc.
  • Incorporez les petits pois, puis la purée de tomates. Salez, poivrez, ajoutez le basilic et une pincée de sucre. Faites mijoter à feu moyen pendant 40 minutes, en remuant régulièrement. Ajoutez un peu d’eau si nécessaire pour éviter que la sauce ne sèche.
  • Faites cuire les anelletti dans de l’eau bouillante salée pendant 5 minutes seulement, afin de les garder très al dente.
  • Égouttez les pâtes et mélangez-les avec la sauce et une cuillère à soupe de caciocavallo râpé.
  • Beurrez un plat (ou des moules individuels) et saupoudrez de chapelure. Retirez l’excédent avec un pinceau.
  • Versez les pâtes dans le plat, recouvrez de chapelure et du reste du fromage râpé.
  • Faites cuire au four à 200°C pendant 40 minutes. Ne pas utiliser le gril.

📖 Ce plat, je l’ai découvert au foyer, un dimanche de mars.
C’est Claudia qui le préparait.
Je raconte ce souvenir ici : La Magie des Dimanches avec Claudia en Cuisine

La Magie des Dimanches avec Claudia en Cuisine

Le dimanche, au foyer, était assez ennuyeux quand on décidait de rester.
Mais quand Claudia était de service en cuisine, c’était la fête.
Une fête simple, douce, bruyante parfois,
comme si on était une grande famille.

Le rituel commençait dès le matin, parfois même la veille,
avec la préparation du ragù à la palermitaine.
Contrairement au célèbre bolognais, celui-ci contient des petits pois,
et un mélange de viande hachée de veau et de porc.
Dans la version ancienne, on utilisait des morceaux entiers de viande
qu’on effilochait à la main, après des heures de cuisson lente,
comme dans un chaudron suspendu à la cheminée.

Le matin ou l’après-midi, on allait faire un tour au parc,
parfois jusqu’aux manèges,
et ensuite, tout le monde attendait que les anelletti fumants sortent du four
pour atterrir dans nos assiettes.

C’étaient les dimanches où on redevenait enfants.
Les dimanches où on oubliait ce qu’on était en train de vivre.
Les dimanches où on se sentait un peu moins seules.

Grâce à Claudia. Grâce à la cuisine.

Ce jour-là, c’est elle qui préparait la pasta col forno.
J’en ai noté la recette ici :

“Pasta col forno” : Recette Traditionnelle Palermitaine

La place vide : Un symbole d’amour et d’espoir

Il y a une place vide sur le canapé.
Il y a une place vide dans ce grand espace.

D’un côté, il y a Momo.
De l’autre, il y a Pucci.
Et moi, je suis au milieu.

Et pourtant,
il y a une place vide : la tienne.

L’absence de ton être manque.
Tu remplis l’espace,
l’esprit,
le cœur.
Tu es.

On regarde la porte.
On regarde la fenêtre.

On espère te voir surgir soudain,
plutôt que de t’imaginer allongée sur ce lit,
dans un hôpital stérile,
incapable de te donner notre chaleur —
celle dont tu aurais tellement besoin,
maintenant.

Tu reviendras peut-être en morceaux.
Avec de nouvelles fissures,
des fautes mal recousues,
et des silences plus larges que tes poches.

Pas besoin d’excuses.
Ni de fleurs. Ni d’explications.
Si tu reviens, il me suffit que tu t’assoies.
Même en silence. Même de travers. Même pour un instant.

Et si tu ne reviens pas ?
Je t’aimerai quand même.
À distance. En absence. En différé.

Parfois, l’amour, c’est ça :
pas un pont,
mais une chaise laissée là
pour celle qui, un jour,
pourrait avoir froid.

Papillons Jumelles : Poème sur la Fraternité

par Linda, pour sa sœur Néa

[Strophe 1]

Tu m’as soignée quand ce n’était pas ton rôle,
tu as arrêté mes larmes avec des mains blessées,
tu marchais courbée, mais tu me soutenais,
en silence, toujours, avec une force jamais disparue.

Tu avais une aile brisée, déchirée par le vent,
et moi je la voyais, même quand toi non.
Je te prêterais la mienne sans une plainte,
car avec toi, chaque douleur s’efface doucement.


[Strophe 2]

Quand je tombe, tu es là, avec ta voix,
à transformer un enfer en refuge.
Tu es tempête, tu es pluie brûlante,
mais tu es aussi soleil, amour permanent.

Ils disent qu’on se ressemble,
et j’en suis fière comme d’un trophée.
Nous sommes deux rides sur la même peau épaisse,
deux yeux différents avec un même dessin.


[Refrain]

Nous sommes des papillons jumelles, éclatées dans le ciel,
une route nous sépare, mais le cœur est le même.
Je te tiens la main, même si c’est un duel,
on vole séparées, mais on tombe dans le même élan.


[Strophe 3]

Maintenant, on prend deux chemins différents,
des routes éloignées mais toujours alignées.
Toi tu rêves fort, moi j’écris des chansons,
mais même à distance, nos âmes sont entremêlées.

Je ne t’ai jamais dit que tu es une fleur rare,
une beauté qui fend le silence en deux.
Même quand tu cries, même quand tu t’écroules,
tu es ce qui reste quand le monde brûle tout.


[Refrain – Final]

Nous sommes des papillons jumelles, éclatées dans le ciel,
une route nous sépare, mais le cœur est le même.
Je te tiens la main, même si c’est un duel,
on vole séparées, mais on tombe dans le même élan.

Linda : Une Étoile en Pause

Linda, c’était la lumière. Celle qui entrait dans une pièce et changeait tout. Elle riait fort, courait partout, faisait des blagues à tout le monde. Elle se faisait des amis en dix secondes. Elle chantait, elle dessinait, elle apprenait vite. Tout ce qu’elle touchait devenait vivant.

À l’école, en France comme en Italie, les professeurs disaient toujours la même chose : « Elle est brillante. Sérieuse. Attentive. Talentueuse. » Linda levait la main avec confiance, aidait les autres sans qu’on lui demande. Elle adorait les exposés oraux, les spectacles de fin d’année, les chorales. Elle rayonnait.

Quand on lui demandait ce qu’elle voulait faire plus tard, elle répondait : « La Star ! » avec ce sourire large, irrésistible. Et c’était vrai. Elle aurait pu le devenir. Elle le peut encore. Elle a tout en elle. Tout.

Mais quelque chose s’est cassé.

Un jour, elle a été bloquée à Palerme. Elle n’a pas pu rentrer. Elle a dû finir l’école primaire là-bas, loin de ses repères, de sa langue, de sa chambre, de ses dessins sur les murs. C’est là que les choses ont commencé à changer. Lentement. Insidieusement. Elle ne chantait plus. Mais elle continuait à dessiner, comme si c’était son dernier fil avec elle-même. Un jour, elle m’a offert une rose dessinée à la main. Précise, délicate, pleine d’ombres et de lumière. Je l’ai gardée. C’était sa voix, mais sans mots. Elle devenait silencieuse. Moins vive. Comme si une partie d’elle avait décidé de s’éteindre un moment.

Je ne sais pas si c’est de ma faute. Du père. Du covid. De Palerme. Des foyers. Ou du monde entier. Je sais juste qu’un jour, son rire s’est tu. Et que tout est devenu plus silencieux autour d’elle.

Mais je me souviens de sa main dans la mienne. De sa voix qui chantait le matin dans la cuisine. De ses dessins qui remplissaient les murs de notre maison. Je me souviens de ses yeux brillants quand elle lisait ses textes à voix haute, avec fierté.

Un jour, je lui ai demandé : « Tu te souviens quand tu voulais être une star ? » Elle m’a regardée, sans répondre. Mais ses yeux, eux, disaient qu’elle s’en souvenait.

Linda n’est pas perdue. Elle est en pause. Juste ça. Une étoile qui ne brille pas fort en ce moment, mais qui ne s’est jamais éteinte.

Et moi, je ferai tout pour qu’elle retrouve sa lumière. Sa voix. Son feu. Même une étincelle suffira.

Qu’elle devienne une star. Ou une étoile discrète. Ou simplement une enfant libre. Elle le mérite. Elle l’est, déjà.

« Salut, quand et si un jour on nous sépare, regarde cette fleur pour te sentir mieux :)
Pour ma maman, de la part de Linda. »

Bruno, Mon Petit Bijou

On l’a toujours appelé «mon petit bijou». Pourtant, Bruno n’est pas petit. Bruno est grand. Immense, même. Mais ce surnom n’a jamais parlé de sa taille. Il parle de sa fragilité précieuse, de sa douceur à protéger, de sa manière à lui de briller doucement, sans faire de bruit.

Bruno a toujours eu peu d’amis. Peu, mais solides. Ceux-là ne sont jamais partis. Il les a gardés, doucement, comme on garde des trésors.

Bruno n’a jamais été comme les autres. On disait qu’il avait son propre monde, sa propre manière d’exister. Peu importait ce que les autres pensaient. Moi, je savais.

Depuis toujours, Bruno choisit de rester avec moi. C’était son choix, clair, définitif, même quand on est entrés dans ce foyer. Il avait presque 18 ans. Il aurait pu refuser, dire non, rester dehors. Mais il ne l’a pas fait. Il est venu avec moi, comme toujours.

Quand il était petit, il dormait à côté de moi, il cherchait mon bras, ma présence. Il avait besoin d’être rassuré, et moi, j’avais besoin de lui. Entre nous, pas besoin de parler. Un regard suffisait. Un geste minuscule, une respiration, et tout était déjà dit. Tout était déjà compris.

Quand Néa est revenue vivre avec nous, tout était fragile. Je ne pouvais pas être partout. Alors Bruno a pris le relais. Il veillait sur elle la nuit, silencieusement, comme un gardien discret mais solide. Il restait éveillé, attentif, pour être sûr qu’elle ne se fasse pas de mal. Et quand le jour revenait, il allait enfin dormir. Là, c’était mon tour. Personne n’aurait imaginé que ce geste d’amour serait interprété par les services sociaux comme une adultisation. Lors d’une rencontre, j’ai entendu une psychologue dire : « Pauvre garçon, il n’avait aucun repère, il devait jouer le rôle du père et de la mère. »

Bruno aime profondément les jeux vidéo. C’est son univers, son refuge. Pourtant, quand on est entrés dans le foyer, il a dû tout laisser derrière lui : son ordinateur, ses jeux, ses habitudes. Il n’a jamais protesté. Pas une plainte, pas un reproche. Il avait choisi. Il nous avait choisies.

Il est resté avec nous, il a tenu bon. Il a toujours été là. Bruno, mon fils, mon allié silencieux. Mon petit bijou.

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Il était mon calme dans le chaos. Mon ancre dans la tempête.

Derrière l’écran, un cœur immense. Derrière le silence, un amour sans faille. Bruno.