Bruno, Mon Petit Bijou

On l’a toujours appelé «mon petit bijou». Pourtant, Bruno n’est pas petit. Bruno est grand. Immense, même. Mais ce surnom n’a jamais parlé de sa taille. Il parle de sa fragilité précieuse, de sa douceur à protéger, de sa manière à lui de briller doucement, sans faire de bruit.

Bruno a toujours eu peu d’amis. Peu, mais solides. Ceux-là ne sont jamais partis. Il les a gardés, doucement, comme on garde des trésors.

Bruno n’a jamais été comme les autres. On disait qu’il avait son propre monde, sa propre manière d’exister. Peu importait ce que les autres pensaient. Moi, je savais.

Depuis toujours, Bruno choisit de rester avec moi. C’était son choix, clair, définitif, même quand on est entrés dans ce foyer. Il avait presque 18 ans. Il aurait pu refuser, dire non, rester dehors. Mais il ne l’a pas fait. Il est venu avec moi, comme toujours.

Quand il était petit, il dormait à côté de moi, il cherchait mon bras, ma présence. Il avait besoin d’être rassuré, et moi, j’avais besoin de lui. Entre nous, pas besoin de parler. Un regard suffisait. Un geste minuscule, une respiration, et tout était déjà dit. Tout était déjà compris.

Quand Néa est revenue vivre avec nous, tout était fragile. Je ne pouvais pas être partout. Alors Bruno a pris le relais. Il veillait sur elle la nuit, silencieusement, comme un gardien discret mais solide. Il restait éveillé, attentif, pour être sûr qu’elle ne se fasse pas de mal. Et quand le jour revenait, il allait enfin dormir. Là, c’était mon tour. Personne n’aurait imaginé que ce geste d’amour serait interprété par les services sociaux comme une adultisation. Lors d’une rencontre, j’ai entendu une psychologue dire : « Pauvre garçon, il n’avait aucun repère, il devait jouer le rôle du père et de la mère. »

Bruno aime profondément les jeux vidéo. C’est son univers, son refuge. Pourtant, quand on est entrés dans le foyer, il a dû tout laisser derrière lui : son ordinateur, ses jeux, ses habitudes. Il n’a jamais protesté. Pas une plainte, pas un reproche. Il avait choisi. Il nous avait choisies.

Il est resté avec nous, il a tenu bon. Il a toujours été là. Bruno, mon fils, mon allié silencieux. Mon petit bijou.

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Il était mon calme dans le chaos. Mon ancre dans la tempête.

Derrière l’écran, un cœur immense. Derrière le silence, un amour sans faille. Bruno.