Il y a une place vide sur le canapé. Il y a une place vide dans ce grand espace.
D’un côté, il y a Momo. De l’autre, il y a Pucci. Et moi, je suis au milieu.
Et pourtant, il y a une place vide : la tienne.
L’absence de ton être manque. Tu remplis l’espace, l’esprit, le cœur. Tu es.
On regarde la porte. On regarde la fenêtre.
On espère te voir surgir soudain, plutôt que de t’imaginer allongée sur ce lit, dans un hôpital stérile, incapable de te donner notre chaleur — celle dont tu aurais tellement besoin, maintenant.
Tu reviendras peut-être en morceaux. Avec de nouvelles fissures, des fautes mal recousues, et des silences plus larges que tes poches.
Pas besoin d’excuses. Ni de fleurs. Ni d’explications. Si tu reviens, il me suffit que tu t’assoies. Même en silence. Même de travers. Même pour un instant.
Et si tu ne reviens pas ? Je t’aimerai quand même. À distance. En absence. En différé.
Parfois, l’amour, c’est ça : pas un pont, mais une chaise laissée là pour celle qui, un jour, pourrait avoir froid.
Tu m’as soignée quand ce n’était pas ton rôle, tu as arrêté mes larmes avec des mains blessées, tu marchais courbée, mais tu me soutenais, en silence, toujours, avec une force jamais disparue.
Tu avais une aile brisée, déchirée par le vent, et moi je la voyais, même quand toi non. Je te prêterais la mienne sans une plainte, car avec toi, chaque douleur s’efface doucement.
[Strophe 2]
Quand je tombe, tu es là, avec ta voix, à transformer un enfer en refuge. Tu es tempête, tu es pluie brûlante, mais tu es aussi soleil, amour permanent.
Ils disent qu’on se ressemble, et j’en suis fière comme d’un trophée. Nous sommes deux rides sur la même peau épaisse, deux yeux différents avec un même dessin.
[Refrain]
Nous sommes des papillons jumelles, éclatées dans le ciel, une route nous sépare, mais le cœur est le même. Je te tiens la main, même si c’est un duel, on vole séparées, mais on tombe dans le même élan.
[Strophe 3]
Maintenant, on prend deux chemins différents, des routes éloignées mais toujours alignées. Toi tu rêves fort, moi j’écris des chansons, mais même à distance, nos âmes sont entremêlées.
Je ne t’ai jamais dit que tu es une fleur rare, une beauté qui fend le silence en deux. Même quand tu cries, même quand tu t’écroules, tu es ce qui reste quand le monde brûle tout.
[Refrain – Final]
Nous sommes des papillons jumelles, éclatées dans le ciel, une route nous sépare, mais le cœur est le même. Je te tiens la main, même si c’est un duel, on vole séparées, mais on tombe dans le même élan.
Je te vois. Avec ces yeux qui parfois veulent disparaître, baissés, fatigués, comme si regarder le monde faisait trop mal.
Je te vois là, entre deux mondes. Entre le plus jamais et le pas encore, dans ce silence suspendu de celles qui retiennent leur souffle, en espérant que la faim passe, que la chair s’efface, que l’âme suffise.
Et je sais. Car moi aussi, j’y suis passée. Moi aussi, j’ai cru que me vider me rendrait plus vraie, plus légère, plus digne.
Mais mon amour, l’âme a besoin d’un abri. Et cet abri, c’est toi. Avec ton sang, avec ta chair, avec tes mains qui tremblent et ta voix qui dit « stop ».
Je t’aimerai toujours. Toujours. Même si tu restes fermée, même si tu t’arrêtes, même si tu choisis de ne pas te montrer.
Mais mon amour ne suffit pas à te garder en vie. Si tu ne manges pas, le « toujours » s’use, et risque de devenir « jamais ».
Moi, je veux que tu sois toujours. Pas une ombre. Pas un souvenir. Pas un écho.
Que tu sois chair, et voix, et corps en marche. Que tu restes. Même si c’est juste pour dire : « Aujourd’hui je n’y arrive pas. Mais peut-être demain. »
Et moi, je serai là. Non pas pour te faire fleurir maintenant, mais pour attendre ce jour-là.
Celui où, sans hâte, tu déboucheras la bouteille où tu as enfermé ton âme.
Être mère — on le sait — est un travail terriblement difficile.
Ce n’est pas comme être cheffe du gouvernement : c’est pire. Bien pire. La cheffe du gouvernement est entourée d’un cabinet d’expert·e·s qui l’aident, lui soufflent quoi dire, comment le dire, avec quelle expression, à quel moment parler et quand se taire.
Les mères, non.
Les mères le deviennent du jour au lendemain, et tout ce qu’elles savent, elles l’ont absorbé par osmose : à travers les films, les tantes, les mères des amies, ou ce qu’il reste de la leur. Peut-être qu’elles ont idéalisé la mère sévère : “elle faisait ce qu’il fallait”. Ou bien la permissive : “elle, au moins, c’était pas comme la mienne.” Mais ensuite, la vérité arrive.
Et la vérité, c’est que nous sommes toutes fautives. Sachez-le.
Ne vous illusionnez pas à l’idée de faire un travail parfait, parce que — souvenez-vous bien — la faute est TOUJOURS celle des parents.
Et si tu es dans un foyer pour femmes victimes de violence, si tu es à Palerme et en plus étrangère, la faute est doublement tienne. C’est ta faute pour le Juge, pour les assistant·e·s sociaux·ales, pour les psychologues, pour quiconque t’observe de loin en jugeant selon son petit modèle mental de la “bonne mère”, celle qu’on leur a décrite dans les livres à la fac.
Quelle en est la conséquence ? Facile.
Le jour du Tribunal arrive. Quelques heures à se demander comment s’habiller pour “avoir l’air assez mère”. Récapitulatif mental de toute l’histoire. Mais le Juge n’est plus celui que j’avais étudié. J’avais tout lu : sa jurisprudence, ses phrases, ses attitudes. Remplacé. Une autre.
Juge honoraire. Psychologue. Du genre à écouter les enfants mais qui décide aussi du sort des parents. Sans être juge véritable, mais assez pour changer une vie.
Et puis, le plus beau. Je revois enfin ma Néa. Ma joie, mon amour, qu’est-ce que tu es belle. Qu’est-ce que tu brilles !
Je la vois arriver. Elle est au bras d’une femme plus âgée que moi, ridée et renfrognée. Son regard, plein de jugement, me tombe dessus comme une lame. Il me transperce de part en part.
Je rougis. La colère me monte à la poitrine comme un engin mal désamorcé. J’ai envie de hurler : «Oh, Ma cu minchia si ??! Lâche ma fille ! C’est avec moi qu’elle doit être, pas avec toi ! » [trad. « Mais t’es qui, bordel ? Tu vaux rien, va »]
Mais mon avocate — une femme formidable, peut-être encore un peu trop jeune pour le chaos qui s’annonce — s’approche et me murmure avec douceur mais fermeté :
« Madame, ne faites pas ça. Ce serait pire. Il faut se montrer tolérante, pas en colère. Surtout : pas d’accusations, pas de “je veux partir”. Vous êtes ici, et vous devez rester avec vos enfants. D’accord ? »
D’accord. Qu’est-ce que je peux faire d’autre ?
J’ai peur, tellement peur, mais je le fais. Je dois le faire.
On ne me laisse pas prendre ma petite perdue dans les bras. Je n’en ai pas le droit, me dit-on. Elle entre la première.
Elle parle avec la juge honoraire, la psychologue. Celle qui écoute. Mais qui décide.
Le mot foyer ici n’évoque ni le confort d’un intérieur ni le choix d’une vie familiale tranquille. Il s’agit d’un foyer d’accueil, une communauté pour femmes victimes de violences, dans laquelle une mère française a été envoyée avec ses enfants. Pas coupable. Pas prévenue. Pas informée. Juste placée. Juste « Cédée » (CD). Dans un pays étranger, sans explication claire, au milieu d’un chaos administratif, judiciaire et humain.
Ce journal raconte cette dérive. Jour après jour, dans une chambre partagée initialement avec trois inconnus, une mère tente désespérément de comprendre pourquoi elle est là, ce qu’on lui reproche, et comment sortir de cette situation avec tous ses enfants, car au moins une chose lui est claire : on ne veut pas seulement lui prendre Néa, on veut les lui enlever tous.
C’est une histoire vraie, mais aussi un récit à lire comme un roman. Avec des personnages réels, du suspense, et une seule envie pour vous, lecteur : comprendre comment cela a pu arriver, et surtout, comment cela va se terminer.
Bienvenue dans ce journal. Bienvenue dans le flou, le silence, et l’absurde.
Le lundi ou le mardi, c’était jour de courses.Mais pas les courses d’un foyer ordinaire.Une liste immense, format A4, que je divisais en catégories, offres, possibilités. Le dimanche soir, je passais des heures à éplucher les promotions sur le site du supermarché. Je faisais l’inventaire de ce qu’on avait encore, j’imaginais des menus possibles avecPoursuivre la lecture de "Cuisiner avec un frigo vide : boulettes d’anchois"
Le dimanche, au foyer, était assez ennuyeux quand on décidait de rester.Mais quand Claudia était de service en cuisine, c’était la fête.Une fête simple, douce, bruyante parfois,comme si on était une grande famille. Le rituel commençait dès le matin, parfois même la veille,avec la préparation du ragù à la palermitaine.Contrairement au célèbre bolognais, celui-ci contientPoursuivre la lecture de "La Magie des Dimanches avec Claudia en Cuisine"
À Palerme, ils ne disent pas “pâtes au four”,mais bien pasta col forno,avec ce mélange d’italien et de dialecte qui dit tout d’un lieu. Ce plat, je l’ai découvert un dimanche au foyer.Et depuis, il ne m’a plus jamais quittée. 🍝 La recette des anelletti au four Ingrédients pour 4 personnes : Préparation : 📖Poursuivre la lecture de "« Pasta col Forno » : Recette Traditionnelle Palermitaine"
3 heures du matin. Réveil.Comme toujours, comme chaque jour.Même au foyer, je me réveillais sans faute.Mais je ne pouvais pas connaître l’heure :les téléphones étaient interdits. Chaque nuit, la même histoire. Je devais me fier à la lumière de la lune.Je fumais encore, à l’époque. Je me levais doucement,je sortais sur le balcon pour nePoursuivre la lecture de "Nuits Étoilées: Pensées et Émotions à l’Aube"
Il y a une place vide sur le canapé.Il y a une place vide dans ce grand espace. D’un côté, il y a Momo.De l’autre, il y a Pucci.Et moi, je suis au milieu. Et pourtant,il y a une place vide : la tienne. L’absence de ton être manque.Tu remplis l’espace,l’esprit,le cœur.Tu es. On regardePoursuivre la lecture de "La place vide : Un symbole d’amour et d’espoir"